La condition de non-glissement aux parois constitue une condition aux limites
satisfaisante dans la plupart des modèles théoriques de mécanique des fluides et en
théorie de la lubrification. Néanmoins la mise en évidence expérimentale de glissement aux
parois a conduit à remettre cette hypothèse en question de plus en plus fréquemment lors
de la dernière décennie. Des travaux théoriques prospectifs visent actuellement à
optimiser la portance et minimiser le frottement en jouant sur des alternances de zones de
glissement et de non-glissement. Le glissement aux parois est fréquemment introduit dans
les modèles théoriques au travers de la condition de Navier, qui stipule que la vitesse de
glissement est proportionnelle au taux de cisaillement pariétal, le facteur de
proportionnalité étant nommé longueur de glissement. Les longueurs de glissement signalées
dans la littérature vont de l’échelle moléculaire lors d’expériences de physique réalisées
dans des conditions microgéométriques et physicochimiques très contrôlées, jusqu’à l’ordre
de grandeur de l’épaisseur de l’écoulement dans des essais de type mécanique des fluides
ou lubrification. L’étude présentée consiste à solliciter en écrasement un film d’eau
entre les plateaux circulaires d’un rhéomètre plan/plan à déformation imposée et à mesurer
la force de réaction normale du film. Les résultats expérimentaux tendent à remettre en
question la condition de non glissement dans les contacts conformes sollicités en
écrasement, et par conséquence également les prévisions théoriques de coefficients
d’amortissement dans les mécanismes lubrifiés fonctionnant en régime hydrodynamique. Les
longueurs de glissement apparent obtenues dépassent largement l’ordre de grandeur de
l’épaisseur de film.